La Rafle Streaming Gratuit

Film du genre , Historique, Drame sortis à la date du 2010-03-10 et rélisé par Rose Bosch.
Avec : Mélanie Laurent, Jean Reno, Gad Elmaleh, Raphaëlle Agogué, Hugo Leverdez

Je suis un Hitler en puissance. Les passionnés de cinéma qui suivent l'actualité du 7è Art auront compris que je n'ai pas pleuré devant La Rafle, et que selon les propos de la réalisatrice Rose Bosch, je suis inhumain.
Pire encore, j'ai trouvé ce film vraiment très mauvais. Pourtant il faut reconnaître la place historique et plutôt osée que prend ce film dans le répertoire du cinéma français, devenant le tout premier film traitant du sujet de la rafle du Vel D'Hiv en tous cas selon les dires des médias mainstream. Gilles Nadeau et Jacques Duquesne qui avaient par exemple réalisé un documentaire fort instructif à ce sujet en 2002 apprécieront sans doute de comprendre que le genre documentaire ne fait pas partie de ce qu'on appelle "le grand cinéma" et qu'accessoirement pour le devoir de mémoire et la préservation d'une morale d'acier en "raflant les petits écoliers pour les parquer dans des salles obscures" [N.Bedos] il est préférable de dire que La Rafle est le premier film sur le sujet.
Et dans la forme c'est tout le fond du problème : la mise en scène non pas d'une histoire mais du cinéma lui-même afin de faire de l'éducatif et du politique ces deux terrains intellectuels résumant les seuls atouts du film qui en matière de pur cinéma n'en comporte que trop peu.
Une analyse filmique serait même impossible, tant les intentions artistiques semblent absentes. Aucune cohérence dans les choix de montage qui durant les quarante premières minutes se résume en un parallèle constant entre la vie des parisiens et le quotidien de Pétain ou d'Hitler. Par ailleurs, ce film revendique un refus du manichéisme bien supposé. Car la juxtaposition de scènes d'Hitler dansant sur la terrasse de son chalet, de Pétain et ses sbires cherchant absolument à tuer le plus possible sans jamais évoquer l'impasse même immorale qu'il s'était inventé face au terrible dictateur ; la juxtaposition de ces séquences décousues et sans chronologie stable à des scènes de la vie des parisiens qui vivent une vie plutôt paisible jusqu'à ce 16 Juillet 1942, ne fait que simplifier l'Histoire. Si tôt l'on me répondra que ce film ne s'attache qu'à ce crime du Vel D'Hiv, mais c'est tout justement pour cette raison que les comparaisons douteuses et trop bien intentionnées viennent supprimer toute psychologie du crime.
Comme sur un simple contrat d'entreprise, l'Allemagne négocie la mort de Juifs, la France négocie des conditions, on signe et hop. Hitler est ridiculement interprété, et surtout l'écriture ne sert en rien la crédibilité et la fiabilité historique de cette partie bien triste de notre Histoire. Par exemple, dans une seule scène, Hitler parle de Mein Kampf, de ses idéaux, puis prouve son manque d'humanisme en regrettant qu'on torture des animaux tout en prévoyant le génocide, et plusieurs décennies de sa psychologie et de sa névrose sont résumées en trois ou quatre phrases. En soi, ça n'est pas grave, mais qualifier ce film de "grand film de cinéma", tout en assumant son manque total de psychologie, sa forme hollywoodienne qui tue la recherche visuelle au profit du grand spectacle, c'est un peu osé.
Manque de sérieux cinématographique et facilité, tendance à résumer bien vite, faire de l'ellipse maladive, s'attacher à des éléments bien trop récurrents sans jamais offrir de réelle vue sur un époque ; ce qui se traduit par des cadrages oppressants, qui pourraient fort bien s'expliquer par une envie d'oppresser à juste titre le spectateur, mais qui semble traduire un manque d'ambition plutôt fatal : le nombre de figurants et de plans larges, de réelle installation dans les lieux, de matérialisation du réel font de ce film une sorte de fable bien trop légère, et dont le pouvoir d'émotivité ne vient que des admirables interprétations offertes par Mélanie Laurent, brillante et Jean Réno, légendaire. Gad Elmaleh quant à lui n'est pas mauvais, mais le rôle qui lui est offert souffre lui aussi du manichéisme discret, encore une fois, l'image du juif qui ne se révolte pas et qui force son rire afin de rassurer les enfants s'oppose au mur de haine palpable dans les ricanements simplistes des coupables de ce crime sans nom.
D'ailleurs, la cohérence historique aurait réclamé qu'on ne fasse pas impasse sur la folie qui anima également les parisiens à la libération. Le Vel D'Hiv tabou brisé ? Qu'en est-il du sort des femmes tondues et des multiples horreurs perpétrées en représailles ? On peut choisir de masquer ces choses car on peut les trouver normales, admettre la légitimité vengeresse d'une population qui a observé l'horreur la plus immonde, mais confié à ce film le statut de "grand film de cinéma" et vouloir éduquer les collégiens en y faisant référence s'avère diaboliquement déplacé, simpliste, cela tronque l'histoire et masque des vérités que nos enfants à défaut de connaître nous réclameront.
Mélanie Laurent, Jean Réno et le travail d'effets numériques, les seuls point réellement forts à mon sens. Enorme déception.
très belle interprétation de tous les acteurs.certaines scènes sont choquante et font réfléchir

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